Les mains de Manon

Les mains de Manon,

Quand Manon fut née, c’était au temps des manants,
Son père fut si comblé qu’il en pleura longtemps,
Et toutes ses larmes devinrent des diamants,
Lorsque Manon les toucha du bout de ses doigts.

Les jours qui suivirent dans les bras de son père,
Elle s’en alla secourir au plus profond des terres,
Les paysans rompus aux espoirs salutaires,
Et de leur souffrance en fit des joyaux de roi.

Puis les saisons passèrent d’hiver en automne,
Elle avait tant à faire qu’elle devint pâlichonne,
A trop toucher la peine de chaque personne,
Manon en eut la sienne pour tout désarroi.

Mais dans la cour du roi, jalousie et déjà
On parlait de Manon, on scandait son prénom
On parlait de ses mains comme on parle du démon
On parlait du vilain… et de sa fille Manon…

A travers les terres Manon fut recherchée,
Le prélat du ministère le fit ordonner,
Manon sera brûlée sur le haut d’un bûcher,
Telle en fut la sentence du grand magistrat.

Sur les terres de Vendée où tombent les tours,
Où batailles font rage sous le clam des tambours,
Manon vint s’y cacher et y trouva l’amour,
Aux bras d’un chevalier venu livrer combat.

Mais lors d’un assaut le chevalier fut bien sot,
Par son cœur en dentelle et son esprit en lambeaux,
Il tomba de sa selle, une épée dans le dos,
Mais Manon le sauva sous les yeux des soldats.

Et dans la cour du roi, on le savait déjà,
On parlait de Manon, on scandait son prénom
On parlait de ses mains comme on parle du démon
On parlait du vilain… et de sa fille Manon…

Dans le plus haut donjon face à son tribunal,
Manon se défend de n’être la fille du mal,
Elle dit que son don et un présent ancestral,
Le cadeau fait d’un Dieu à un monde insoucieux.

Que s’en amusent le roi et les cardinaux,
En faisant clamer sentence tel un camelot,
Dans leurs habits de soie se sont eux les bourreaux,
Même s’ils portent la croix et le regard gracieux.

Manon sur le bûcher fut plus belle que jamais,
Ses longs cheveux dansaient quand les flammes vacillaient,
Sous le regard des prélats Manon souriait,
Comme un ange qui s‘en va rejoindre son Dieu.

Denis-Luc Henrich

HDL…
2008…

Poète à la lune Nombre de messages : 1615 Date d'inscription : 22/01/2007

fables, fabuleux, le mystérieux yéti qui de son pas foule l'autère tapis de mon admiration pour lui...

Salut mon ami

Nenourse

joli conte ,agréable lecture un voyage dans le temps majestueux Coucou

quelle belle histoire ce matin, triste mais belle, quel bel ouvrage, j'ai beaucoup aimé, merci Yéti.

coeur

Animateur Nombre de messages : 6475 Date d'inscription : 29/01/2007

un coup de coeur bien mérité j'aime bcp cet écrit un conte fabuleux bien que triste je me suis laissé aller dans ma lecture cartonnes

merci de ce partage quel plaisir de pouvoir te lire même si c'est si rare mdr

merci à vous...

Coucou

Une belle fable si réelle pour l'époque...
Bravo Denis, j'ai aimé ma lecture.

Admin Nombre de messages : 3540 Age : 62 Date d'inscription : 03/12/2006

Bravo yéti un conte comme tu sais les écrire. Cela faisait si longtemps et me manquait.
J'ai beaucoup aimé ce petit voyage dans le temps et les moeurs, cette époque ou l'on brûlait les sorcières et tous ceux qui dérangeaient et secouaient les fondations d'un pouvoir fondé sur la peur et le profit.
Bravo encore et merci
Lunessences Coucou

Admin Nombre de messages : 1382 Age : 53 Date d'inscription : 23/01/2007

C'est absolument génial...Tout simplement...

Un vrai talent de conteur, de narrateur...On pourrait y lire du "De la Fontaine" parce qu'il a un vrai fond là-dessous...

mes amitiés

Aragorn soleil

Un plaisir immense à te lire
Pauvre petite Manon ! elle m'a faite frisonner
Oui oui cartonnes

ben merci pour votre visite les n'amis.....

mais bon z'aurez pu enlever vos bottes ... m'avez mis plein de boue sur le tapis!!

rrrrôôôô! qui s'est qui doit nettoyer la grotte mainant??

mdr

Bonjour Yéti

Un conte rempli d'émotion fort bien raconté,j'ai vraiment beaucoup aimé
Amicalement
fabien