Fascinante nuit

La nuit semble endormie
Au creux de ses draps sombres
Depuis le fond des temps
Mais ne l'est qu'à demi
Toute façonnée d'ombres
Aux profils inquiétants

Elle nous prend, nous tient
On l'entend se mouvoir
Se fondre, fusionner
Sinistre, elle entretient
Un fascinant pouvoir
Qui nous fait frissonner

Et la voilà qui rampe
Jusqu'à ses contours flous
Mais, fuyant la lumière
Vite elle se retrempe
Dans son lit, se renfloue
S'endeuille toute entière

Rèche, d'un pas glissant
Elle avance à tâtons
Elle grince, elle craque
A vous glacer le sang
Dans sa tenue charbon
Elle chasse, elle traque

Même si la nuit couvre
Quelques esprits tapis
Dans ses recoins malsains
Dès lors que son coeur s'ouvre
Il n'est pas de répit
Plus goûté qu'en son sein

A sa lugubre toile
Quand sa lune est de miel
Le malheur se dissipe
Le feu de ses étoiles
Donne un septième ciel
Où l'amour s'émancipe

J'ai connu des peurs blanches
Dans ses replis épais
Truffés de traquenards
Accroché à mes branches
Tout petit, freluquet
Vivant un cauchemar

J'ai connu le repos
Dans ses bras où Morphée
M'a donné tant de rêves
Et mon âme et ma peau
En restent fortifiés
D'une durable sève

La nuit est endormie
Au creux de ses draps sombres
Depuis le fond des temps
Mais ne l'est qu'à demi
Il y a, dans ses ombres
Des souffles palpitants