La liberté

La liberté, c'est une flamme
Qui ne cesse de scintiller
Qui prend les courbes d'une femme
Dans la tête du prisonnier

C'est un miel, un baume, une manne
Aux creux de l'estomac noué
C'est un radeau, c'est une rame
C'est une planche, une bouée

C'est un coin perdu, un espace
Une niche, un jardin secret
C'est de pouvoir trouver sa place
Et d'ignorer les indiscrets

C'est d'avoir, enfin, carte blanche
Un soleil au bout du tunnel
Un débouché sur un dimanche
Une sortie sans sentinelle

C'est un pied de nez aux verrous
Un matin de levée d'écrou
Un avenir désaliéné
Une nouvelle destinée

C'est une vie qui recommence
Et c'est la désacoutumance
C'est le dehors étourdissant
C'est le large et la clé des champs

C'est le poussin quittant la poule
C'est l'oiseau s'échappant du nid
C'est le petit ruisseau qui coule
Et qui ondule à l'infini

La liberté, elle est si belle
Qu'on en demeure interloqué
En suivant des yeux l'hirondelle
Qui vole au-dessus du bosquet

Mais à deux pas, en même temps
Elle s'érige en oriflamme
Dopée par des vents inquiétants
Elle s'excite, elle s'enflamme

Elle ne connaît plus de lois
Et nous conduit vite aux abois
En étouffant nos feux de joie
Sous une pluie de feux grégeois

La liberté, c'est une flamme
Qui s'élève, idéalisée
Toute effilée comme une lame
Il ne faut pas trop l'attiser